The Briefs

Quoi qu'on en dise, le premier concert auquel on assiste est déterminant pour savoir si le punk-rock est un truc qu'on aime ou pas. Pour moi c'était, entre autre, les Briefs. Et y a pas à dire, ces quatres ricains cartonnent graves, avec une batterie impressionnante de titres hystériques et pleins d'humour, de quoi mettre en joie. Si on aime pas ça, je sais pas ce qu'il faut ! Cette interview a été réalisée par Fifi lors du passage du groupe à l'Austrasique, à Nancy. Chronique du disque dispo dans la rubrique dédiée sur le site.

Spacechips : Comment vous sentez-vous ce soir avant de jouer ?
Daniel : Je me sens bien, heureux. J'espère que du monde va venir voir le concert.

Spacechips : Qui sont The Briefs ?
Daniel : Je m'appelle Daniel, je joue de la guitare et je chante.
Chris : Je suis Chris. Je joue de la batterie.
Kicks : Je suis Kicks, je joue de la basse.
Steve : Je suis Steve, je joue de la guitare et je chante.

Spacechips : Depuis combien de temps The Briefs existe ?
Daniel : Nous avons commencé en 1999. Ca fait cinq ans maintenant. On vient de Seattle dans l'Etat de Washington.

Spacechips : Qu'y a-t-il comme bons groupes là-bas ?
Daniel : Nous ne connaissons pas de bons groupes (rires). Non, The Spits sont très bons. Et tu as une très bonne scène vers Portland, au nord-ouest de Seattle. Tu as the New Town Animals.

Spacechips : Vous venez de sortir votre troisième album. Quels sont vos projets maintenant ?
Daniel : Nous tournons durant six, sept mois. Nous allons faire quelque chose comme 7000 dates. (rires)

Spacechips : 7000 dates ?
Daniel : Peut-être moins, peut-être 6000. Non, en réalité nous avons fait 200 dates cette année.

Spacechips : Où avez-vous joué ?
Daniel : Aux Etats-Unis, en Europe, et Grande-Bretagne. Je pense que quand nous allons rentrer à la maison en décembre après la tournée, nous n'allons rien faire concernant le groupe. Nous allons cuisiner, repeindre les murs, dormir, manger des yaourts. Tu aimes les yaourts ?

Spacechips : Oui. Peux-tu m'en dire plus sur Byo Records, car je n'ai jamais entendu parler de ce label ? (Ignard que je suis NDA)
Daniel : Tu n'en as jamais entendu parler ? (Le ton change)

Spacechips : Oui, jamais entendu parler.
Daniel : Pourquoi fais-tu l'interview ? As-tu déjà entendu notre musique ?

Spacechips : Oui ! Je connais Off the Charts, Sex Objects...
Daniel : (m'interrompant) Okay, c'est okay.

Spacechips : Gary Glitter's Eyes est ma chanson des Briefs préférée, comptez-vous la jouer ce soir ?
Daniel : Nous pouvons la jouer si tu l'aimes.

Spacechips : Je l'adore.
Daniel : Okay, yeah, pas de problème.

Spacechips : Merci ! (S'ensuit une discussion sur comment j'ai découvert les Briefs.) Donc Byo Records, la première fois que j'ai entendu parler de ce label c'est quand j'ai appris que Sex Objects était initialement sorti sur Byo. Quel type de label est-ce ?
Daniel : Ils sont formidables !

Spacechips : Quelle musique sortent-ils ?!! (rires)
Daniel : As-tu déjà entendu 7 seconds ?

Spacechips : Non.
Daniel : Byo, ils sont dans le business depuis vingt, vingt-cinq ans, quelque chose comme ça. C'est un vieux label punk rock autour du groupe Youth Brigade. C'est tenu par deux types, les frères Stern. C'est un label US de L.A. Un label punk rock tenu par des punks rockers pour les punks rockers. C'est un gros label indépendant. Ils promeuvent vraiment le Do It Yourself. Nous aimons beaucoup ça chez eux.

Spacechips : Qu'est ce qui vous a amené au punk rock ?
Daniel : Quand nous étions plus jeunes, il y avait toute cette musique de merde que nous détestions. Et à coté il y a tant de musique si terrible, tu vois. Les gens que je n'aimais pas eux aimaient de la musique de merde.

Spacechips : Quoi comme artistes ?
Daniel : Des gens comme les Doobies Brothers, tu sais, Styx, le rock noir ( ? "black rock music"), Hippies, Heavy Metal, Soundgarden, Fugazi (rires). Et tu vois plein de gens écouter ça en conduisant leur voiture (mime le bruit et chante d'une voix super aigue une chanson qui dit "I'm all oveeeeer"). Je ne veux jamais devenir comme ça, jamais. Et si tu regarde de l'autre coté de la rue, tu vois ces mômes avec des coiffures stupides en train de skater.
Chris : Le skate m'a amené au punk rock. J'ai commencé à skater et à venir au punk rock en même temps. Le skate et le punk allaient de pair.
Daniel : Rollers c'est ok aussi.

Spacechips : Vous êtes de Seattle, vous aimez Nirvana ?
Daniel : Nirvana ? Kurt Cobain est mort...
Kicks : Je ne suis pas de Seattle mais je n'aime pas Nirvana. J'aime une autre musique. J'aime Fugazi.
Daniel : Kurt Cobain n'est pas vraiment mort tu sais. Il est dans un sous-sol et ne mange que des crackers.
Steve : Nirvana craint, Seattle est en train de craindre, Fugazi craint et les Real Mc Kenzies sont des putes.

Spacechips : Que pensez-vous quand vous entendez parler des Briefs comme de la prochaine grosse sensation (The next big thing) ?
Daniel : Je pense que nous avons pas à nous soucier de ça. Je ne pense pas que nous serons The Next Big Thing. Je ne pense pas à ça. Je pese que ce que nous allons faire, c'est jouer des chansons. C'est agréable de voyager, de rencontrer des gens et voir le monde. C'est un des bons cotés à être dans un groupe. Tu sais, on ne pense pas à devenir la prochaine sensation et avoir beaucoup d'argent. Ce n'est pas une chose à laquelle penser. C'est mieux de juste penser à faire de la musique. Pour moi, The Next Big Thing c'est des groupes comme Slipknot ou The Real Mc Kenzies. Nous, nous sommes la vraie petite sensation (the real very small thing). (rires)

Spacechips : Avez-vous joué dans d'autres groupes avant The Briefs ?
Daniel : Non, jamais, juste du tuba dans un groupe au lycée. Tu connais le tuba ? Bombom bombom (fait le tuba) (rires). Mais tu n'avais pas de place pour un tuba dans The Briefs, donc j'ai dû trouver un autre instrument, la guitare. (Kicks vient lui d'un autre groupe mais je n'ai pas compris sa réponse, je suis un boulet je sais)

Spacechips : Vos trois albums sont dans le même style. Comptez-vous changer de style pour le prochain ?
Daniel : Le prochain enregistrement sera reggae (rires). Je pense que nous allons régresser, aller de pire en pire et faire juste ce joli son (tape sur la table et fait des borborygmes préhistoriques : ANHEYHEYHEYMEHEEEE OH OH) (rires) ça sera sur le prochain album.

Spacechips : Vous allez faire du préhistorock ?
Daniel : Oui, tu aimeras ça.

Spacechips : Allez-vous vous mettre des os dans le nez et dans les cheveux ?
Daniel : Je ne pense pas, non. Non non. Nous sommes des cave-men. Commen tu dis cave-men en français ? (en français dans le son).

Spacechips : Hommes des cavernes.
Daniel : Hommes des cavernes... Cave-men, hommes des cavernes, c'est ce que nous voulons !

Spacechips : Avec des barbes ?
Daniel : Pas de barbes ! C'est un truc de hippies. Nous sommes des hommes des cavernes civilisés, des hommes des cavernes sophistiqués !

Spacechips : Pour vous qu'est ce que doit avoir un bon groupe de rock'n'roll ?
Daniel : Beaucoup d'energie, de bonnes chansons, pas de barbes et un manque d'intelligence. Nous sommes tous stupides dans ce groupe. Tu dois être bête pour jouer de la musique.

Spacechips : Pourquoi les cheveux blonds ?
Daniel : Quand le groupe a débuté en 1999, et ceci est vrai, à Seattle tous les groupes avaient les cheveux noirs. Tous les groupes avaient de longs cheveux noirs et nous detestions la plupart d'entre eux. Et ça a commencé comme ça, comme une blague.

Spacechips : Si Fugazi se teint les cheveux en blond qu'allez-vous faire ?
Daniel : Nous ne nous soucions pas de Fugazi.
Chris : Tout le monde déteste le groupe ici sauf moi.
Daniel : Tous les groupes Seattle avec de longs cheveux noirs étaient si sérieux. Et nous ne voulons pas être sérieux, nous voulons être fun.

Spacechips : Ce n'est pas la première fois que vous venez en France, non ?
Daniel : Oui, c'est la seconde fois. Nous avons fait trois concerts en France l'an dernier à Rennes, Marseille et Strasbourg. Là c'est la seconde date de cette tournée. Nous avons joué à nouveau à Strasbourg hier et ce soir nous sommes là (à Nancy NDR)

Spacechips : Qu'est-ce que vous aimez en France ?
Daniel : Le fromage. Le vin est cool, les gens sont cools. Nous n'aimons pas la police en France.

Spacechips : Vous avez eu des ennuis avec la police ?
Daniel : Juste une fois quand nous étions sur l'autoroute. La police nous a controlés. Ils ont regardé partout. Ils ont fini par nous laisser repartir. Ca foutait les boules.

Spacechips : Que penses-tu des autres groupes du label Lollipop ?
Daniel : J'aime Lollipop. Ce soir nous jouons avec The Hatepinks, je les adore. Je connais les albums mais ce soir c'est la première fois que je vais les voir jouer. Nous avons joué avec Gasolheads, tu connais ?

Spacechips : J'aime ce groupe.
Daniel : Ils étaient vraiment géniaux. Nous avons joué avec eux en Allemagne et ils étaient putain bons. Je pense que nous nous sommes plus interessés aux groupes sur Lollipop à cause de groupes comme les Neurotics Swingers, les Gasolheads. Nous avons écouté ces groupes et ils sont très bons. Lollipop a de bons groupes, Jerry Spider Gang, c'est cool.

Spacechips : Quels sont les groupes récents qui vous ont impressionnés ?
Daniel : The Shocks en Allemagne sont vraiment bons, un groupe de New York appelé Some Action, aussi. Je pense que ce soir quand nous regarderons les Hatepinks nous dirons la même chose.

Spacechips : Penses-tu qu'Olivier Gasoil ferait un bon président des Etats-Unis ?
Daniel : Olivier ? Olivier comme président des Etats-Unis ? (perplexe) Sûr, pourquoi pas. Il serait peut-être meilleur que George Bush, je sais pas.

Spacechips : Donne une raison pour laquelle les gens aux USA devraient voter pour Olivier ?
Daniel : Pourquoi ils auraient à voter pour Olivier ? Ils ne voteraient pas pour Olivier. Ils ne le feraient pas car il n'a pas beaucoup d'argent. Personne ne le connaitrait. Il pourrait aller à la télé et dire "Je suis Olivier, votez pour moi !" mais personne ne le saurait. Ils ne voteraient pas pour lui car il vit en France.

Spacechips : Nous allons terminer l'interview par cette question : Dis-moi pourquoi les mômes ont besoin d'un concert des Briefs ?
Daniel : Ils n'en ont pas vraiment besoin.

Spacechips : Vraiment ?
Daniel : Oui.

Spacechips : Bon bin d'accord, passez une bonne soirée, ciao. (rires)
Daniel : Non non, ils en ont besoin. Ils ont besoin de voir The Brief car nous sommes un bon groupe. Nous perpétuons la tradition du Punk Rock, nous le maintenons vivant.

Arrive Olivier cherché par Chris : "Vote for Olivier, vote for Olivier !"

Spacechips : Merci beaucoup.

Interview : Fifi, Edito : Aka